Cette vaine machine.
« Tout roule ici dans une loi implacable de machine. Et les trains incessants alimentent les foyers. La vie brûle tout le temps dans le corps des habitants de la ville, non plus pour la joie de la flamme mais pour l’utilisation de la flamme. La vie de chacun doit produire, la vie de chacun n’a plus son propriétaire régulier, mais appartient à quelqu’un d’autre, qui appartient à la ville. Une chaîne sans fin d’esclavage où ce qui se produit se détruit sans créer ni joie ni liberté. Alors, à quoi bon ? Mais je suis seul à parler dans la rue et personne ne m’entend. Personne ne peut m’entendre car les hommes et les femmes qui habitent cette ville sont devenus le corps même de cette ville et ils n’ont plus de corps animal et divin. Ils sont devenus les boulons, les rivets, les tôles, les bielles, les rouages, les coussinets, les volants, les courroies, les freins, les axes, les pistons, les cylindres de cette vaine machine qui tourne à vide sous Sirius, Aldébaran, Bételgueuse et Cassiopée. »
Jean Giono : Les vraies richesses, 1937
Photographie : Jessica Buczek – www.jessicabuczek.com

2 commentaires
Maëlle
C’est bien vrai 🙂
Julie Fleurie
Je viens de lire et admirer les photos prises sur les chemins du Pilat, votre article est plein de poésie photographique, verbale. Nous avons de la chance dans notre département d’avoir ce lieu à proximité de St Etienne, quant j’étais petite (il y a très très longtemps) mon père m’expliquait la joie qu’il avait enfant de « monter » au Pilat avec son père, mon père était né en 1891… il y a très longtemps que je ne suis pas retourner me promener dans le Pilat, je suis agée et n’est plus de véhicule, ce qui m’étonne par contre est que vous qui paraissez très jeune vous disiez que ce lieu a été transformé c’est triste de penser qu’en si peu d’année vous y voyez déjà du changement. Cordialement.